Congrès 2020 | Luttons pour la justice sociale et écologique dans la société et à l’école !

En tant que syndicat de transformation sociale et écologique, SUD éducation 13 dans le cadre de l’Union syndicale Solidaires 13, revendique une transition sociale et écologique fondée sur un véritable partage des richesses et des ressources à l’échelle nationale et mondiale afin de garantir une vie digne pour toustES.

Le capitalisme est producteur d'une grande violence vis-à-vis des êtres humains, mais aussi vis-à-vis de la nature. En effet, il appauvrit les ressources de la terre par leur exploitation exacerbée, il pollue et il est responsable du désastre climatique en cours. La destruction de nombreuses espèces vivantes, la destruction des sols par la montée des eaux, le bétonnage, les pollutions chimiques, la pollution des nappes phréatiques, des mers toutes ces destructions sont des conséquences du modèle capitaliste productif.

Ces crimes climatiques bouleversent des centaines de millions de vies, à commencer par celles des plus pauvres et des plus fragiles et renforce les migrations de population. Le dérèglement climatique favorise enfin l'apparition ou l'augmentation des maladies affectant l'Humanité.

Ainsi, l’exploitation intensive des matières premières nécessaires à nos sociétés industrielles (notamment fossiles et minerais ) pose le problème de leur épuisement. Les réserves disponibles ne nous laissent que quelques décennies de sursis. Or, leur raréfaction favorise la multiplication des tensions et des conflits pour leur appropriation et un très probable effondrement à venir.

Ainsi la lutte pour la justice sociale et écologique s’impose comme une urgence et elle doit passer par la réduction ou reconversion de l’industrie, une relocalisation des activités, une politique d’aménagement territorial qui réponde aux enjeux environnementaux, sociaux et sanitaires, et une véritable fiscalité écologique.

Cela implique une transition de nos pratiques syndicales dans nos syndicats, une transition de nos pratiques pédagogiques pour construire une école polytechnique et une transformation complète de notre système économique et social.

1. La résolution de la crise écologique et de la crise sociale passera par une transformation du système économique :
  • La sortie des énergies fossiles et du nucléaire.
  • La rupture avec la logique productiviste : arrêter la course irrationnelle à la croissance et partir de la satisfaction des besoins sociaux notamment en sortant du consumérisme par la publicité et l’obsolescence programmée et en cessant le pillage et l’exploitation des populations des pays des « Suds ».
  • La fin des grands projets imposés, coûteux et néfastes pour l’environnement (dangers nucléaires et chimiques, déforestation, bétonisation, ...)
  • La sortie et l’arrêt des négociations des traités de libre échange TAFTA, CETA, JEFTA, MERCOSUR…
  • La socialisation des productions d’énergie, la transparence dans leur gestion et la mise en sécurité des équipements (actualité de la mise en concurrence des barrages hydrauliques et de leur privatisation )
  • Une relocalisation de la production et de la consommation, la création d’activités non délocalisables et nécessaires pour satisfaire les besoins liés à l’environnement (requalification énergétique du bâti ancien, plan de formation et de reconversion des salariéEs...).
  • Une véritable fiscalité écologique, qui doit s’inscrire dans une politique publique globale dissuasive pour les pollueurs (sans exonérations possibles), qui réduise les inégalités, qui finance l’action publique à la hauteur des besoins sociaux. Cela implique la taxation des transports polluants que sont l’aérien, le fret maritime et par camion, pour aller vers leur réduction drastique, ainsi que la taxation élevée des produits de luxe avant la suppression de cette industrie nuisible matériellement et symboliquement.
  • La réduction drastique du transport routier accompagnée d’un plan de développement du ferroutage avec un meilleur maillage ferroviaire du territoire et un re-déploiement du transport fluvial.
  • Une politique d’aménagement territorial qui arrête le grignotage des espaces, cesse de pousser les habitantEs loin des centre-villes et de les contraindre à utiliser des moyens de transports individuels. Notamment, il faut plafonner les loyers, lutter contre la spéculation immobilière, réquisitionner les logements vides, et à terme socialiser ce bien commun qu’est le logement.
  • L’amélioration des transports collectifs publics, leur gratuité, la reconversion vers des modes de transport moins polluants et donc le développement de lignes ferroviaires secondaires est une véritable urgence sociale, sanitaire et environnementale.
  • Réappropriation des biens communs eaux, forêts, barrages hydrauliques
  • Une baisse du temps de travail et un partage du temps de travail : en 2016 un texte décroissance est présenté et discuté lors du congrès départemental. Un GT décroissance s’est réuni par la suite pour réfléchir autour de ces thématiques. Face à la crise écologique, la décroissance est proposée par certaines comme une des solutions : une transformation économique et sociale fondée sur l'obligation d'économiser les ressources et de développer une forme de sobriété volontaire, en partage et convivialité.
  • Revenu universel, salaire à vie ? Dotation inconditionnelle d’autonomie ?

En tant que syndicat pour la justice sociale et écologique, ces raisons et perspectives nous obligent à penser notre syndicalisme dans une perspective de réduction des inégalités à l'intérieur du pays, mais aussi entre les pays riches et pauvres, ce qui inclut de s'interroger sur le niveau de vie possible pour tous-tes, et pas seulement pour les pays dits « développés ».

Aucune réelle politique écologique ne pourra être menée sans changements sociaux radicaux. Toutes les formes de domination doivent être éradiquées, si nous voulons éliminer l'idée de la domination de la nature par l'être humain. C'est donc par l’émancipation sociale, que nous pourrons stopper la destruction de l'environnement.

2. Pour une école polytechnique à l’heure de la crise climatique.

A l’heure du changement climatique et de la crise écologique, dans le secteur de l’éducation, SUD éducation appelle à la construction d’une école polytechnique dans ces aspects matériels :

  • Réalisations de bilan énergétique et plan d’isolation des bâtiments
  • Débitumisation des établissement scolaires, végétalisation des cours d’école pour baisser la température ressentie : et plus largement repenser les écoles, rénover le bâti scolaire constituent une urgence pour reconstruire le lien entre la nature et les élèves et protéger la santé de toustES
  • Aménager les abords des écoles pour faire plus de place au vélo et aux déplacements pédestres au détriment de la voiture.
  • Réduction des consommations énergétiques et en eau,
  • La prise en compte des risques environnementaux par les CHS et notamment une véritable campagne de désamiantage des établissements scolaires dans le cadre de l’application du Plan amiante relancé en 2016 et une prise en charge des personnels exposés avant 2021,
  • Généraliser les détecteurs de pollution et ou capteurs de qualité de l’air dans les établissements scolaires
  • Favoriser les alternatives au WIFI
  • Des outils pour mettre en place la diminution des déchets, et leur recyclage s’ils ne sont pas évitables.
  • Renforcement des filières locales et bio dans la restauration scolaire ; réduction de la consommation des produits animaux (les élevages ont plus d’impact que les cultures) ; lutte contre le gaspillage alimentaire.
  • Des recrutements massifs de titulaires remplaçantES dans les premier et second degrés afin de limiter leurs déplacements.

L’ école polytechnique défendue par SUD éducation est un projet alternatif à l’école du capitalisme.

Les équipes pédagogiques ont besoin de moyens humains et matériels pour construire des projets, développer les sorties dans des espaces naturels et favoriser les pratiques d’école ouverte et d’école « dehors » . La société et la nature sont des terrains d’apprentissage, de découverte de soi même, des autres et du monde.

Des moyens sont également nécessaires pour mettre en œuvre des activités écologiques concrètes avec de petits groupes où l’on découvre que les besoins vitaux ne se créent pas derrière un écran, mais sans numérique : manger, boire, se loger, se déplacer, s’abriter : création de jardins potagers, ateliers de réparation et de construction des objets de la vie courante, etc. Mais aussi, la pratique d’activités artistiques en petits groupes, musique, sculpture, peinture, afin de vraiment préparer la jeunesse au monde de demain et d’ouvrir la voie vers une véritable émancipation.

Cette école polytechnique nécessite des demi groupes de 15 élèves et donc des recrutements massifs de personnel sous statut, la construction de bâti scolaire plus adaptés et rénovés et plus nombreux. Une formation approfondie de tous les personnels aux enjeux environnementaux dans les pratiques et les enjeux disciplinaires est urgente pour construire une école résiliente. Cette école polytechnique s’appuie sur les pédagogies critiques, les pédagogies coopératives et émancipatrices et des pédagogies fondées sur le rapprochement entre élèves et la nature.
Nous revendiquons à SUD éducation 13 la construction d’une école polytechnique résiliente et décroissante.

Les programmes scolaires 

Notre rôle d'éducation populaire, devrait être en théorie aujourd’hui, de faire émerger chez les futurES habitantES de la planète, c'est-à-dire les élèves que nous accompagnons, la compréhension des enjeux écologiques dans un objectif de justice climatique et de leur fournir les outils pour construire les solutions possibles pour les atténuer ou s’y adapter. Force est de constater qu’aujourd’hui notre école est défaillante, pour former et informer sur l’urgence écologique, et préparer les élèves à l’avenir. Et ce, malgré les efforts menés ces dernières années, notamment la réforme de septembre 2020 relative aux ajouts écologiques dans les programmes scolaires qui ne proposent que des aspects théoriques et ne remettent en rien la logique capitaliste d’occupation de la planète.

Propositions de revendications écologiques en matière de programme scolaire.

Constatant que le socle de compétences comporte entre autres ces objectifs :

  • il favorise un développement de la personne en interaction avec le monde qui l'entoure;
  • il développe les capacités de compréhension et de création, les capacités d'imagination et d'action;

Sud éducation 13 revendique :

L'école doit être le lieu de formation des futurES habitantES de la planète et doit donc étendre à toutes les disciplines et à toutes les études de cas les problématiques écologiques. Il est urgent et essentiel que ces enjeux soient représentés dans les programmes de manière suffisamment ambitieuse et concrète, par le biais d’une approche systémique et pluridisciplinaire, à la fois théorique et pratique afin d’outiller les futures générations pour les enjeux à venir. Le rôle des équipes éducatives est de déconstruire dans les classes la posture du développement durable, dont l’existence même relève de l’instrumentation de l’écologie, dans une perspective politicienne dénuée de toute volonté d’avancer vers une solution réelle. L'éducation au développement durable, s'inscrivant dans le cadre de la croissance, du libéralisme et du capitalisme, ne peut être qu'un échec. Constater, comprendre les mécanismes qui détruisent la planète, analyser pour élaborer une critique constructive est l’étape préalable pour travailler non pas seulement sur une éducation à l’environnement, mais aussi à construire un autre avenir anticapitaliste dans l’intérêt des élèves et de la planète qu’ils et elles occupent. En effet, préparer les élèves à faire face à une possible situation de pénurie énergétique, minière, alimentaire et en eau, à moyen terme, semble un réflexe de bon sens.

Nous revendiquons une véritable prise en compte de la question écologique dans les programmes scolaires, afin que ceux-ci permettent d’étudier l’impact du capitalisme et de ses structures sociales, et ne se contentent pas d’injonctions au changement des comportements individuels. En effet, cette crise environnementale et sociale, n'est pas le fait de comportement individuels, mais bien le fait d'un système d'oppression. Dans la poursuite du travail effectué lors du congrès départemental de 2016 une école décroissante serait une école qui s’émancipe de la compétition, du tout évaluation, notation, acquisition érigée en dogme et injonction obsessionnelle. Elle promeut dans ses pratiques et ses enseignements théoriques une réflexion autour de « habiter la terre » en tant que « locataire temporaire » et donc autour de l’usage des ressources de cette même terre.

Nous revendiquons enfin un plan de formation professionnelle renforcé dans l’artisanat, l’agriculture avec l’inscription dans le cursus obligatoire en lycée agricole de la formation à une agriculture respectueuse de l’environnement et de la santé biologique, ( Bio, agroécologie, permaculture, ..) dans les filières du bâtiment renforcer la formation à la rénovation énergétique, à l’isolation du bâti, matériaux écologiques, énergies renouvelables, etc.  pour construire une société décroissante.

A l’heure de l’injonction à une école numérique SUD éducation 13 appelle  à:

  • une réflexion avec le ministère, les collectivités territoriales autour d'un plan d’équipement numérique durable pour les élèves et les personnels,
  • l’application des mesures 19 et 20 relatives à l’’économie circulaire et au numérique responsable de la circulaire du 25 février 2020 « Engagements de l’État pour des services publics éco responsables, relatives à la formation des agentES aux écogestes numériques, aux politiques d’achat et à la mise en place d’une plate forme pour réutiliser les biens et matériels,
  • la sortie du tout numérique pour un usage raisonné et réfléchi de l’outil informatique,
  • l'intégration des enjeux environnementaux du numérique aux programmes scolaires à tous les niveaux,
  • la mise en place de la collecte et du tri des déchets numériques,
  • la généralisation de l’usage de systèmes d’exploitation et de suites logicielles économes en énergie et à longue durée de vie sur l’ensemble des parcs informatiques, en favorisant les logiciels libres,
  • le développement une politique des services numériques de l’éducation nationale plus économe en argent et en énergie, qui part des besoins des personnels sur le terrain,
  • la diffusion de pratiques écologiques dans l’usage du numérique au sein de l’éducation nationale,
  • la généralisation des alternatives au WIFI et développement de systèmes plus protecteur de l’environnement et de la santé.
3. Dans nos syndicats, quelles pratiques pour une société décroissante ?

Pour que notre lutte contre le capitalisme, responsable du dérèglement climatique ne soit pas que des mots, mais aussi des actes, car notre pouvoir de consom.acteurTRICE est immense, améliorer par étape nos achats syndicaux est un enjeu de taille : changement de mentalité, coût financier, etc.

La dimension est sociale (qui a produit, dans quelles conditions?), environnementale (quelle empreinte écologique ? ), économique (qui profite de cet achat ?). Le boycott fait ses preuves dans de nombreuses luttes (Apartheid Afrique du Sud, Israël), les entreprises capitalistes sont très attachées à leur image médiatique. La demande créé l’offre  comme l’offre peut créer la demande à coup de pub.. à nous d’inverser cette logique marchande. Nous achetons nous décidons.

Ces pratiques syndicales peuvent s’inscrire dans le prolongement de la réflexion autour du texte 5 « la décroissance » présenté lors du congrès départemental de 2016.

La démarche de la décroissance est une prise de conscience que le mythe du bonheur par la consommation nous est imposé par le capitalisme dans le seul but, pour celui-ci, d'accumuler toujours plus de profits. La décroissance est une résistance à ce mythe. La décroissance pourrait permettre de construire un monde qui promeut durablement pour toutes et tous une vie fondée sur le progrès et l'émancipation.

Au sein du syndicat SUD éducation 13 et de L’union syndicale solidaires 13, SUD éduc 13 a mandat pour porter ces revendications :

  • Éviter le papier glacé pour nos journaux,
  • Faire imprimer nos journaux, si besoin, par un imprimeur local, pour éviter les transports et limiter l’empreinte écologique,
  • Ajuster davantage les impressions (tracts, documents pour les AG) afin de ne pas jeter le papier,
  • Ne plus utiliser de gobelet en plastique pour le café, se servir des tasses et les laver,
  • Utiliser des produits de vaisselle et d'entretien écologique,
  • Ne plus utiliser de produit d’entretien aérosol,
  • Ne plus utiliser de serviettes, papier jetable mais lavables (éponges, lingettes lavables, etc.),
  • Se poser la question du papier toilette à utiliser,
  • Se servir des poubelles de recyclage pour le papier / carton, le verre,
  • Se poser la question des achats pour les apéro et les repas syndicaux. (alimentation, boisson apéritif, thé, café),
  • Favoriser dans le local syndical des travaux de rénovation qui vise une meilleure isolation thermique et donc favorise le bilan énergétique,
  • Limiter l’usage des systèmes de climatisation et / ou de chauffage très énergivore,
  • Développer l'utilisation de la multiprise afin d’éteindre les appareils lorsqu’ils ne sont pas utilisés et réduire la consommation énergétique des outils informatiques,
  • Installer des ampoules à LED économie d'énergie,
  • Passer à un fournisseur d'électricité verte comme ENERCOP ? Principe éthique et environnemental.

Concernant les achats alimentaires et de boisson, la politique d’achat peut être un véritable outil anti capitaliste : faire la grève de la surconsommation, boycotter les magasins capitalistes. et privilégier les filières d'approvisionnement éthique et locale. Devenir un comptoir de monnaie locale ? et favoriser la découverte et / ou l'utilisation dans les locaux syndicaux des monnaies locales au syndicat? inviter les acteurs. trices à venir la présenter lors d’un AG conseil syndical, soirée thématique ?

SUD éducation 13 s’engage à proposer des formations autour des questions écologiques et à intégrer les questions écologiques dans les formation de base au sein du syndicat et à porter ces nouveautés dans Solidaires 13.

La décroissance est une pratique individuelle et collective. En tant que syndicat, nous faisons de notre lutte pour la Terre et contre le capitalisme un engagement de tous les jours que nous mettons en pratique. Après les paroles les actes !

Pour un changement de nos pratiques militantes. Quelles stratégies syndicales ?

Pour les campagnes de défense du climat, les vieilles recettes sont toujours à l'oeuvre (manifs marches, réunions publiques..), mais ne suffisent plus face à l'urgence climatique. Il faut continuer à faire de l'Éducation populaire (débats, projections), mais pas seulement. Les actions de rue sont renouvelées en s'inspirant entre autre des mouvements de désobéissance civile. Solidaires, s’inscrit aujourd’hui dans une lutte commune pour une société juste socialement et écologiquement.