Congrès 2020 | Développer SUD Éducation 13 dans le premier degré

1. État des lieux des forces militantes de SUD éducation 13 dans le 1er degré :

Temps de travail :

SUD éducation 13 compte de plus en plus d'adhérent-es du 1er degré, mais on constate une difficulté à s'investir dans la vie du syndicat, principalement en raison de nos conditions de travail...

En comparaison avec les camarades exerçant dans le second degré, nous avons, de facto, un temps de travail plus long : 24 heures devant élèves + 3 heures par semaines (108 heures annualisées : APC, concertations, conseils d'écoles, conseils de cycle, de maitre-sses, rdv familles, équipes éducatives, animations pédagogiques...) + le temps de préparation (à l'école et/ou à la maison).

On constate également que de plus en plus de formations, quand elles ont lieu, sont en dehors de notre temps de travail, parfois sur la base du volontariat les mercredis après-midi et/ou journées. Pire, le développement de la formation à distance (Magistère + conditions sanitaires de 2020/2021) aggrave l'amplitude horaire de travail, niant le droit à la déconnexion.

Détérioration des conditions de travail :

Nous sommes empeché-es de faire notre travail comme nous l'aimerions pour différentes raisons :

  • Des effectifs en augmentation dans les classes, particulièrement en maternelle
  • Diminution des aides possibles (réseau RASED, infirmière et médecin scolaire, psychologue scolaire pour lesquel-les le nombre d'écoles (et donc d'élèves) pris-es en charge augmente)
  • Une formation qui se dégrade, les temps de formations à distance ne permettent plus aux collègues de se rencontrer, d'échanger.
  • Un management avec de moins en moins de cadrage national, mais au contraire un cadrage local, et des hiérarchies intermédiaires qui peuvent être sourdes ou minimiser nos demandes, nos souffrances. On constate une individualisation des rapports entre enseignant-es et hiérarchie (notamment par le PPCR), qui permet de plus en plus de pressions, d'intimidations.
  • Une communication institutionnelle de plus en plus floue, remplie d'injonctions contradictoires, laissant la possibilité à de multiples interprétations du cadre réglementaire
  • De plus en plus d'élèves notifiés par la MDPH présent-es dans nos classes, avec un volet d'heures d'AESH insuffisant. La mise en place des PIAL depuis 2020 est un exemple frappant d'une dégradation fulgurante des conditions d'accueil pour ces élèves à besoins éducatifs particuliers. La gestion des personnels AESH se fait à flux-tendu, sans respect, ni des élèves (5heures max depuis la rentrée 2020), ni des personnels (AESH et enseignant-es)
  • Une formation plus qu'insuffisante concernant la prise en charge des élèves en situation de handicap ou ayant des troubles de l'apprentissage
  • Une formation initiale dégradée. Le Master MEFF reste une coquille vide : quasiment aucun contenus théoriques concernant la psychologie de l'enfant, les troubles « dys », les pédagogies dites "alternatives", la gestion de classe, le handicap...
  • Des injonctions institutionnelles de plus en plus fréquentes depuis l'arrivée de Blanquer au ministère, avec de réels écarts entre la visions technocratique des décideurs et nos réalités du terrain (exemple : les évaluations nationales de CP décriées par toutes les organisations syndicales),
  • Une liberté pédagogique mise à mal ("manuel orange", l'éducation nationale a édité pour la première fois un guide de lecture au CP), les pressions exercées sur nos collègues pratiquant des pédagogies dites "alternatives"
  • Une perte de sens pour les collègues : nos valeurs, nos missions ne sont plus en adéquation avec celles de notre hiérarchie
  • Une surcharge administrative : de la paperasse de plus en plus importante pour le moindre projet, la moindre demande de prise en charge (PPRE, PPS, EES, sorties scolaires, voyages scolaires, partenariats avec des intervenant-es extérieur-es...)

Détérioration de nos conditions d’emploi :

  • Gel du point d'indice de rémunération
  • Projet de réforme des retraites
  • PPCR et difficultés d'avancement
  • Gestion des carrières impossibles à vérifier (cf réforme des instances paritaires de la fonction publique)
  • Pas d'augmentation de salaires mais octroi de primes qui accentuent la mise en concurrence des personnels (heures mairie, primes REP/REP+, stage RAN, missions supplémentaires...)
  • Jour de carence maintenu qui pousse les collègues à minimiser leurs problèmes de santé
  • Remise en cause de l'accès à nos droits syndicaux en particulier parce que nous ne sommes quasiment plus remplacé-es pour nos absences syndicales
  • Baisse du nombre de brigades

Pour toutes ces raisons (non exhaustives), nous faisons le constat que militer dans une organisation comme SUD éducation peut s'avérer une souffrance supplémentaire pour chacun-e d'entre nous. En effet, plus nous défendons et militons pour une école émancipatrice, plus l'écart se creuse avec la réalité de nos journées de travail. Nous nous sentons de plus en plus isolé-es, parfois même au sein de nos équipes.

Dans cette période si complexe et cette souffrance au travail que nous vivons et/ou observons, SUD éducation peut devenir un espace d'émancipation. Etre ensemble, adhérer à des valeurs communes, lutter ensemble peut nous aider à redonner du sens à notre métier et à faire vivre le projet d'une réelle transformation de l'école, pour une autre société, plus juste, plus égalitaire, plus émancipatrice...

2. Propositions pour les prochaines années :

Nous proposons 3 axes prioritaires de travail :

  1. Augmenter de manière significative le nombre d'adhérent-es du 1er degré à SUD éducation 13
  2. Favoriser l'implication des adhérent-es/militant-es du 1er degré
  3. Renforcer le poids de SUD éducation 13 dans l'intersyndicale 1er degré départementale et dans l'interpro avec nos collègues territoriaux
A. Augmenter de manière significative le nombre d'adhérent-es du 1er degré à SUD éducation 13
  • Organiser des tournées d'écoles dans le département, en favorisant les binômes (un-e déchargée + mise à disposition de CTS, mélanger 1er/2nd degré dans les binômes)
  • Renforcer notre présence dans les INSPE (affichages réguliers, tenue de tables d'informations, présence forte à la rentrée des stagiaires)
  • Planifier un calendrier trimestriel de RIS (pour AESH et/ou enseignant-es) fixes (thématiques) + RIS ponctuelles d'actualité délocalisées dans tout le département (dans les écoles des adhérent-es, dans des lieux stratégiques de quartiers, selon les demandes) et/ou dématérialisées pour celles-ceux qui ne peuvent se déplacer
  • Organiser des stages de formation spécifiques 1er degré thématiques (pour AESH et/ou enseignant-es): handicap, pédagogies, santé au travail, réformes en cours, droits, conditions de travail...
  • Renforcer nos liens avec les militant-es des pédagogies alternatives (Freinet, GFEN, etc.)
  • Prendre contact avec les mouvements pédagogiques locaux et diffuser leur calendrier de formation etc.
  • Prévoir des lettres OSTIC spécifiques 1er degré (enseignant-es et AESH)
  • Développer la partie 1er degré de notre site Internet: articles avec infos institutionnelles (circulaires, BO...), articles avec outils concrets pour les équipes (modèles de courriers, de motions...)
  • Renforcer notre prise en charge des situations individuelles
  • Prévoir une campagne de syndicalisation spécifique "1er degré"
  • Aller en priorité sur les écoles les plus mobilisées et mobilisables, notamment dans les quartiers dits "prioritaires" pour lesquels nous avons des positionnements clairs et offensifs en termes de défense des inégalités
B. Favoriser l'implication des adhérent-es/militant-es du 1er degré
  • Maillage géographique de nos adhérent-es pour voir quelles sont les écoles dans lesquelles on a des adhérent-es, les informer régulièrement/ MAJ spécifique du panneau 1er degré, des informations/ 1er degré
  • Faire régulièrement une tournée teléphonique de nos adhérent-es du 1er degré
  • Relancer la liste "commission 1er degré" départementale pour discussions / débats / élaboration de matériel spécifique... Importance de relancer cette commission départementale avec objectif de faire du lien avec la commission fédérale 1er degré
  • Prévoir des actions/stages de formations (en plus du stage "militer à SUD" qui existe déjà): faire une tournée d'école, tenir un panneau d'affichage, connaitre nos droits, nos interlocuteur-trices institutionnel-les, nos outils de lutte, écriture militante, prises de parole en public, audiences...
  • Faire un encart spécifique 1er degré dans le journal départemental "L'Ecole de la lutte"
  • Prévoir envoi de matériel régulier (local et/ou fédéral) dans les écoles de nos adhérent-es
  • Former à l'accompagnement individuel des collègues
  • Prévoir une formation + stratégie spécifique dans le cadre de la campagne des prochaines élections professionnelles
  • Renforcer le nombre de déchargé-es 1er degré, en laissant la possibilité d'avoir une décharge à 50% d'un ETP
  • Permettre aux adhérent-es de participer davantage à la vie syndicale locale et fédérale (ag, stages, formations, CF, congrès...) en exigeant des remplacements systématiques dans nos classes (courriers de SUD éduc 13 systématiques sur le non-remplacement en cas d'absence pour raison syndicale)
  • Organiser des gardes d'enfants systématiques à chaque moment de la vie syndicale prévue en dehors du temps de travail (AG de soir par exemple)
  • Élaborer une plate-forme revendicative autour d'une « riposte pédagogique » pour contrer les restrictions à la liberté pédagogique
C. Renforcer le poids de SUD éducation 13 dans l'intersyndicale 1er degré départementale et dans l'interpro avec nos collègues territoriaux.
  • Porter l'ensemble de nos revendications en intersyndicale, même si on sait qu'elles seront amendées/modifiées/supprimées
  • Varier les mandaté-es SUD éduc 13 lors des intersyndicales et/ou audiences
  • Être force de propositions en intersyndicale : grèves, actions, luttes...
  • Développer nos liens avec SUD CT (organisation de réunions, tournées d'école en commun, production de matériel commun, connaissance du terrain)