Congrès 2013 | Débat sur l’antifascisme syndical

Ce texte a été rédigé en réactions aux différentes initiatives antifascistes qui ont eu lieu à Marseille (création de Marseille Centre Solidaire contre l'extrême droite, meeting du FN à Marseille) et s'inscrit dans la volonté de relancer le mouvement anti-fasciste localement.

Aujourd'hui le FN développe une stratégie qui le pousse à multiplier les incursions sur le terrain social et dans le monde du travail. Cette stratégie se traduit par des discours mais aussi par la mise en avant sur les listes FN de candidats présentés comme militants syndicalistes actifs.

VISA se présente comme un outil intéressant pour lutter contre le fascisme d'un point de vue syndical et unitaire. Son but est de déconstruire les discours du FN à destination des travailleurs, de casser et de dénoncer l'imposture d'un FN "parti des ouvriers". Il a pour ambition d'offrir aux syndicalistes des armes pour contrer les tentations frontistes de leurs collègues ou des leurs camarades, par des analyses, des brochures, ou encore des formations.

Lors d'une précédente AG nous avons acté l'adhésion de Sud éducation 13 à VISA. Il faut désormais traduire cette adhésion par un engagement concret. Cela passe par un travail unitaire et intersyndical avec les militants et les sections syndicales des organisations mobilisées sur cette question qui peut se concrétiser par la construction d'une déclinaison départementale à VISA.

Si respectivement les syndicats effectuent déjà un travail anti-fasciste, VISA offre la possibilité de créer un cadre unitaire dans lequel les convergences dépassent les divisions. Car si la principale raison de la montée du FN est la désespérance sociale, la raison qui lui est corrélée est la série de défaites que subit le mouvement syndical. Ces défaites sont largement imputables à notre incapacité à dépasser nos désaccords, tandis que le FN se fait passer pour un parti fédérateurs.

Plusieurs choses sont à envisageables:

  • diffuser la Newsletter de VISA sur la liste adhérent.
  • construire VISA 13
  • mandater des militants pour animer VISA 13
  • diffuser régulièrement dans notre journal les analyses de VISA.
  • organiser une formation intersyndicale ou dans le cadre de Solidaires 13
Débat

Le mouvement anti-fa a été relancé à Marseille à partir de la mort de Clément Méric, même si c'était déjà prégnant dans le contexte du mariage pour tous. Le contexte électoral renforce cette dynamique d'autant que les syndicats ont le sentiment de perdre la main sur la colère sociale (ex: bonnets rouges).

Au niveau du départements les discussions sont très compliquées entre les UD sur la question de l'anti-fascisme. Plusieurs intersyndicales ont eu lieu sur la question, mais la plupart des UD sont réticentes à voire démarrer des initiatives dont elles ne sont pas à l'origine. Localement se rajoute un autre problème, celui de la discorde entre la CGT et la CFDT au sujet de l'ANI. Pour la CGT, la montée du FN est liée à la crise, au chômage, à la misère sociale. Or dans le département cette situation est aggravée par les fermetures de boites facilitées par l'ANI dont la CFDT est signataire. Il est donc impossible pour la CGT d'accepter de travailler sur cette question avec le CFDT. La FSU quant à elle refuse de travailler sur cette question si cela ne se fait pas dans un cadre intersyndical le plus large possible pouvant aller jusqu'à l'UNSA.

La question qui se pose pour Sud éducation 13 et Solidaires 13 est donc la suivante : pour préserver un travail anti-fasciste, vaut-il mieux laisser tomber la CFDT et privilégier pour l'instant un travail à trois organisations (FSU, CGT, SOLIDAIRES 13) ce qui permettrait à terme d'aboutir à la création d'un VISA 13 par le haut ?

Si certains était d'accord avec cette stratégie, d'autres camarades ont exprimé l'avis de ne pas rentrer dans cette querelle entre la CGT et la CFDT, et de porter au contraire le mandat d'un rassemblement syndicale le plus large possible.

A notre niveau, il paraît très important de faire un travail dans les salles des profs sur cette question en contrant la libération de la parole fasciste. Il ne faut pas négliger le collectif Racines. Contrairement à ce que prônent certains enseignants et certains syndicats d'un discours apolitique. Notre travail doit être de militer contre le vote FN. Le travail de notre syndicat peut passer par la création d'une commission au sein de Sud éducation 13 sur la question.

Plusieurs questions ont porté sur l'efficience et l'efficacité du réseau VISA. En effet, si les syndicats n'ont pas en amont les mêmes présupposés idéologiques, le risque n'est-il pas de travailler à partir d'un consensus mou sans réel impact? Comment les syndicats font-ils pour se mettre d'accord sur des arguments économiques alors qu'ils ne sont pas tous d'accord ?

Le but de VISA n'est pas de créer un super syndicat qui aurait la capacité de gommer toutes les différences car sinon nous serions dans la même organisation. L'idée est de trouver des convergences pour contrer le discours du FN et en réalité, contrairement à ce que l'on peut penser , c'est souvent possible.

Autre question évoquée : Si VISA dénonce tous les discours fascisants, y compris ceux de la droite classique et parfois de la gauche, est-il crédible de penser que la CFDT peut s'engager dans un tel processus ?

VISA a effectivement pour but de contrer tous les discours fascistes ou ceux qui tendent à l'être. Les sections adhérentes à VISA acceptent ce principe et le défendent. Certes la CFDT n'est pas dans son intégralité capable d'avoir une telle posture, mais ce sont seulement certaines sections de cette confédération qui sont adhérentes et non pas toutes la CFDT. L'objectif de VISA est de créer un pole syndicale le plus unitaire possible mais cela ne se fait pas au prix du renoncement à ces principes fondateurs. Les sections syndicales adhérentes à VISA (y compris celle de la CFDT) sont donc favorables à la déconstruction de tous les discours fascisants.

Décisions et votes :

Les propositions énoncées dans la contribution au débat ont été adoptées à l'unanimité.

La création d'une commission au sein de Sud éducation 13 a été adoptée à l'unanimité.

Sur la question de l'unité : une stratégie à deux niveaux a été adoptée (14 POUR / 1 ABSTENTION).

  1. Au niveau des UD, nous privilégions un travail sur l'antifascisme avec la CGT et la FSU même si cela implique de renoncer à la CFDT. Le but étant de multiplier les initiatives dans la lignée du travail initié par la FSU, la CGT et Solidaires au niveau national, et pourquoi pas d'aboutir si possible à la création ou au renforcement d'un VISA 13.
  2. Au niveau de la base, il faut continuer le travail de construction de VISA 13 autour des militants des différents syndicats qui sont motivés pour travailler sur cette question. Pour l'instant un embryon de militants est en place et travaille à la création d'une antenne départementale de VISA. Cet embryon est constitué de militants de Sud éducation, de Solidaires 13, de la FSU et de la CGT. Dans le cadre de VISA 13 nous devront défendre une vision unitaire plus large que celle défendue au niveau des UD.