Carte scolaire ou carte électorale ? | L’Ecole de la lutte ! #9 – [Extrait – Fev 2024]

En 2012, les personnelLEs du lycée Saint-Exupéry dans le 15 ème arrondissement de Marseille ont interpellé le président de la région PACA ainsi que le rectorat sur le problème de surpopulation du lycée qui accueillait alors près de 1800 élèvEs, soit 18 classes de seconde. Le rectorat comme la région se sont engagés à prendre à bras le corps ce problème car effectivement Saint-Exupéry est le seul lycée général et technologique des 15 et 16ème arrondissement pour une population de 96 000 habitants qui connait une forte croissance démographique. Depuis ? Rien...ou presque. Extrait du journal départemental - L'Ecole de la Lutte ! #9


Pourtant le quartier est clairement discriminé lorsqu’on le compare par exemple aux 8 et 9ème arrondissements de Marseille, qui a une population de 150 000 habitants (soit 1/3 de plus) et 3 lycées pour accueillir les élèvEs : Périer, Daumier et Marseilleveyre. On a pu nous rétorquer que les quartier Nord ont beaucoup de lycées professionnels. Est-ce à dire que les élèvEs issus des quartiers populaires sont destinéEs à l’enseignement professionnel ???!!!! Mettons cela de côté… pour l’instant .

Depuis 12 ans, les personnelLEs n’ont pas lâché l’affaire, ils ont régulièrement interpellé et de diverses manières la Région, soutenuEs, il faut le reconnaître, par l’académie d’Aix-Marseille. A chaque déplacement du recteur ou des différents ministres reçus au lycée (Vals, Peillon, Taubira, Ndiaye…), iEls ont rappelé leur revendication de création d’un 2ème lycée dans les 15 et 16ème arrondissement, iEls ont été écoutéEs mais jamais entendus.Que s’est -il passé en 12 ans ? Rien que pour Marseille, deux lycées ont été construis à grands frais par la région dans le Nord Est de la ville de Marseille, celui de Saint Mitre, Simone Veil et celui d’Allauch, Monté Cristo, dans une zone de 150 000 habitants qui en possédait déjà deux, Diderot et Artaud. Un autre sortira de terre à la Joliette, la cité scolaire internationale Jacques Chirac (un nom qui en dit long) à la rentrée 2024. La région a donc les moyens de se lancer dans de tels projets mais à condition d’en faire un investissement électoral. Les électrices et électeurs des 15 et 16ème arrondissements de Marseille ne sont clairement pas ceux qui ont permis les élections successives de Christian Estrosi puis de Renaud Muselier à la tête de l’hôtel de Région. Les scrutins se caractérisent par de fortes abstentions, des scores importants pour le RN et pour la gauche sur un territoire longtemps tenu par le PC, alors pourquoi se soucier d’une telle population !

Ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres, si on scrute de près les investissements permis par le conseil départemental des Bouches-du-Rhône dans la création ou la rénovation de collèges privés sous contrat, les chiffres sont hallucinants. Comme la construction du  collège Ste Marie de St Mitre-les-Remparts, qui a bénéficié d’une coalition : Diocèse, Mairie, Métropole, Conseil Départemental et Académie. En tout 61 628 563€ ont été versés ces 5 dernières années aux établissements confessionnels du département. Et lorsque les collèges des quartiers Nord réclament l’ouverture de nouveaux établissements pour absorber la forte croissance démographique, ce sont des établissements jésuites qui parent aux problèmes comme celui de la rue Cazemajou dans le 15 ème arrondissement, fortement financés par le département. Martine Vassal s’appuie sur  l’existence de la loi Debré, pour financer et promouvoir l’enseignement privé confessionnel, comme le souhaite son électorat. Il y a quand même de quoi s’interroger sur le silence qui entoure cette situation qui viole la loi de 1905, en finançant les cultes et en créant une concurrence déloyale à l’enseignement public laïque.

Quant aux élèvEs des quartiers populaires, s’iEls n’ont pas les revenus leur permettant de s’inscrire en privé ni les moyens de déménager, iEls doivent se contenter d’établissements surchargés et mal entretenus, où faute de place, les dédoublements prévus dans les zone d’éducation prioritaire ne peuvent plus se tenir.

C’est une situation clairement intenable, on ne peut pas laisser la main sur l’offre de formation scolaire à des éluEs qui jouent leur carrière politique sur le dos des élèvEs. Le financement du bâti scolaire est un dossier à ouvrir en urgence et en toute transparence.


e[extrait] Journal départemental - mai 2023 

Cet article est un extrait du journal départemental de SUD éducation 13 de mai 2023 - L'Ecole de la Lutte ! #9 : Entre les murs  

L’Ecole de la Lutte ! – Entre les murs | #9 – Février 2024