Prise de parole du Lundi 28 Avril devant la Cité scolaire internationale Jacques Chirac.

Pourquoi se battre pour un plan d’urgence pour l’école publique dans les Bouches-du-Rhône ?
Nous sommes ce matin devant un bâtiment financé sur fonds publics qui a coûté plus de 100 millions d’euros.
100 millions pour une cité scolaire qui regroupe en son sein des élèves de tout âge. Élèves qui bénéficient de conditions d’apprentissage favorables à leur épanouissement.
100 millions, pour une cité scolaire située à quelques centaines de mètres à vol d’oiseau de certains des quartiers les plus pauvres de Marseille.
100 millions pour peut-être – et enfin – construire une école publique dont l’ambition serait l’accueil, l’éducation et l’émancipation de touTEs les élèves, de permettre aux enfants de ces quartiers stigmatisés d’être scolariséEs dans un établissement dont les moyens sont à la hauteur des enjeux.
Il ne fallait pas espérer.
Depuis des décennies, les gouvernements successifs participent à la casse du service public d’éducation : atteinte à l'attractivité des métiers (gel du point d'indice ou grilles salariales honteusement basses, augmentation ou maintien des effectifs, baisse des moyens, suppression progressive des enseignantEs spécialisEes dans la grande difficulté scolaire), absence d'une politique de remplacement par des personnels dédiés au regard des besoins, libéralisation (recours massif à la contractualisation qui devient une règle aux dépens du fontionnariat et mise en concurrence dans le supérieur), financement des établissements privés, maintien dans la précarité de nombreuses catégories de personnels, réduction du nombre de personnels à tous les niveaux qui conduit à des pénuries et des absences aux conséquences potentiellement dramatiques : manque d’enseignantEs, d’infirmièrEs, d’AESH, de personnels techniques, d’AED, de psychologues, de médecins scolaires et de médecins de prévention…
Le discours du Rectorat et de la DSDEN sur l’ambition de mixité sociale au sein de la Cité internationale n’a pas tenu longtemps : après 3 mois d’ouverture, le vernis a craqué. Un refus net et répété a été adressé par l’administration aux enfants et personnels de l’école Parc Bellevue (Felix Pyat) qui souhaitaient être accueilliEs le temps des deux années de travaux dans leur école.
100 millions d’argent public donc, dans un seul but : construire un établissement élitiste capable de rivaliser avec les établissements privés qui attirent les élèves des classes sociales les plus favorisées et qui participent comme eux à la ségrégation sociale et scolaire déjà à l’œuvre à Marseille comme ailleurs. 
Petit rappel, à la rentrée 2024 de la CSI, seulement 7,1% des élèves issus des 2ème et 3ème arrondissement de Marseille ont été acceptéEs à l'entrée dans les classes de seconde! (chiffres présentés par le rectorat en GT du CSA-A le 18 juin 2024). C'est donc cela la mixité de l'école publique française? Que ce projet porte le nom du premier président de la République condamné pour détournement de fonds public n’est finalement que logique!
Il y a donc des lieux et des causes pour lesquelles l’argent public, même en temps d’austérité, ne manque pas : en écho aux 100 millions dépensés pour la CSI, ce sont 2 millions d’euros que le département a accordé en subventions extraordinaires pour construire un collège jésuite à quelques rues d’ici.
Pour SUD éducation, ces moyens auraient pu permettre de rénover les écoles et les collèges qui tombent littéralement en ruine ou qui sont confrontés à des problèmes d’insalubrité et d’exposition à l’amiante, et de construire de nouveaux établissements publics dans les quartiers où les existants sont proches de la saturation. Ils auraient pu être utilisés pour recruter des personnels de santé, des assistantes sociales, des enseignantEs, des AESH ou des AED.
Aujourd’hui, lundi 28 avril, est la journée mondiale de la sécurité et de la santé au travail. Pour SUD éducation 13, la question de la sécurité et de la santé des personnels et des élèves est d’abord une question de moyens. Ces moyens manquent terriblement dans les écoles, les collèges et les lycées de notre département.
C’est pourquoi il est important de dénoncer le manque cruel de moyens alloués au service public d’éducation et de se battre pour réclamer un plan d’urgence pour l’école publique dans le 13.
C’est pourquoi nous sommes là et nous continuerons à lutter pour les revendications mises en avant par les AG des personnels : recrutement massif de personnels formés et titulaires, rénovation du bâti scolaire existant et construction de nouveaux établissements et écoles ou sectorisation de la Cité internationale et fin du financement public des établissements privés.