Le 27 mai 2025 se tenait au rectorat d'Aix-Marseille un CSA académique. Les syndicats SUD éducation y siègent et leur éluEs ont saisi cette occasion pour faire déclaration liminaire suivante devant le Recteur de l'Académie.
Monsieur le Recteur,
Mesdames et messieurs les membres du CSA-A,
Le budget 2025 s’est déjà traduit par une nouvelle série de coupes dans les services publics et des attaques directes contre les agentEs de la fonction publique. On pense notamment à la réduction de la rémunération pendant les congés maladie, qui pénalise les agentEs malades, ainsi qu’à la suppression de la garantie individuelle de pouvoir d’achat, ce qui revient à ignorer l’impact de l’inflation sur les salaires.
Les premières discussions sur le budget 2026 laissent présager une même logique d’austérité, menée au détriment des services publics. Le gouvernement continue de refuser de faire contribuer les grandes entreprises ou les ultra-riches. Rappelons que les 0,1 % les plus riches de France, soit environ 40 000 foyers fiscaux, touchent au moins 463 000 euros par an. Depuis vingt ans, leurs revenus ont crû trois fois plus vite que ceux du reste de la population, une tendance qui alimente les inégalités sociales.
Cette politique fiscale inégalitaire affaiblit les services publics, pénalise les plus vulnérables, et creuse les écarts. Dans le domaine de l’Éducation, cela se traduit par une baisse des moyens alloués, tant pour les élèves que pour les personnels. Même si nous saluons l’abandon des 4000 suppressions de postes et de certaines mesures du « choc des savoirs », comme le caractère obligatoire du DNB pour passer en seconde, l’école publique demeure en grande difficulté. Les réformes successives, combinées à un sous-financement chronique, ont considérablement fragilisé notre système éducatif.
Pour SUD éducation, il est urgent de refonder une école réellement égalitaire, en repensant la politique d’éducation prioritaire, y compris dans les lycées, et en allouant enfin les moyens nécessaires à une école inclusive pour tou·tes.
Le désengagement de l’État dans l’école publique alimente le sentiment d’abandon et ouvre la voie à l’extrême droite, qui exploite cette colère en diffusant ses idées discriminatoires, racistes, sexistes, lgbti-phobes et validistes.
Redonner confiance dans l’école publique exige également de mettre fin aux privilèges de l’enseignement privé, trop souvent protégé malgré des dérives graves. Les affaires révélées dans des établissements comme Stanislas l'an passé ou Notre-Dame de Bétharram cette année montrent l’urgence d’une transparence totale sur les manquements à la protection des victimes. La parole des élèves doit être écoutée, et cela suppose des moyens, des formations, et une véritable prévention dans chaque établissement.
Ces scandales sont d’autant plus inacceptables que l’État finance largement ces établissements privés.
Enfin, la récente annonce gouvernementale – par voie de presse – d’une convention citoyenne sur les « temps de l’enfant » ne répond en rien aux besoins pressants de l’école. Ce sont justement les réformes du collège et du lycée qui ont contribué à désorganiser les emplois du temps. Plutôt que de détourner l’attention, il faut aborder sérieusement la question du bien-être à l’école : taille des classes, qualité des locaux, accompagnement des élèves – c’est là qu’il faut investir.
Dans notre académie, nous l'avons déjà signifié lors du dernier CSA-A, il n'est pas possible de se satisfaire des moyens qui sont certes, considérés comme en hausse d'un point de vue statistique et gestionnaire mais qui, sur le terrain, ne seront que du saupoudrage.
- A quand la baisse drastique des effectifs afin d'accueillir tous les élèves à l'école publique?
- A quand le rétablissement des postes RASED dans le 1er degré pour accompagner tousTEs les élèves?
- A quand un vrai statut de fonctionnaire pour les collègues AESH et AED et l'accès aux droits à la rétroactivité de la prime REP+ pour les collègues concernéEs?
- A quand une amélioration réelle des remplacements des enseignantEs absentEs? A quand un remplacement envisagé pour les AED et AESH absentEs?
Les situations locales de nombreux établissements dans l'académie témoignent de nombreuses difficultés :
Des difficultés structurelles liées à des manques de moyens qui mettent à mal les équipes et engendrent de trop nombreuses situations de souffrances au travail
Des méthodes de management pathogènes, maltraitantes et discriminantes pour les collègues. Nous sommes inquietEs de l'augmentation des situations individuelles de collègues que nous devons accompagner au quotidien, victimes de décisions abusives parfois doublées de sexisme, de racisme et/ou de validisme.
De même, nous sommes inquietEs de nombreuses situations collectives :
Dans le 2nd degré, comme ce fut le cas les années précédentes, nous apprenons que des équipes d’AED ne sont pas renouveléEs par les chefFEs d’établissement. Ces non renouvellements témoignent de l’incapacité de notre administration à régler les problèmes de management autrement que par une solution de facilité qui consiste à faire payer cette défaillance institutionnelle à des personnels parmi les plus précaires de l’Éducation nationale. La situation du collège Ampère à Arles est symptomatique de ces situations : le non renouvellement collectif des AED est guidé par la préconisation d’un audit vie scolaire souhaitant « réaffirmer la responsabilité du chef d’établissement » et « repartir sur de nouvelles bases »…
dans le 1er degré, des écoles, comme le groupe scolaire Sinoncelli de Marseille, se retrouvent en grandes difficultés concernant des situations d'élèves pointéEs du doigt parce qu'en situation de handicap et/ou à besoins éducatifs particuliers. Nous estimons que par l'absence de moyens réels donnés aux équipes depuis au moins 20 ans dans le cadre de l'école inclusive, l'administration est responsable des postures de rejets de certainEs enfants que nous entendons dans les salles des maitreSSEs.
Et pour cause : Quand nous lisons dans le dernier rapport de la Cour des comptes du 20 mai 2025 que "la France dépense moins pour l’enseignement élémentaire que les pays de la moyenne de l’OCDE et moitié moins que pour le second degré" c'est bien l'État qui décide de ne pas investir dans l'école primaire !
C'est bien l'administration qui fait la sourde d'oreille en attendant qu'une situation se dégrade, qu'elle devienne explosive, et qu'elle conduise à tant de déscolarisation d'élèves! Nous le répétons, le droit inconditionnel à la scolarisation des élèves ne peut plus être mis au chantage des conditions de travail des personnels.
Spécifiquement, concernant les élèves en situation de handicap, lorsque nous revendiquons à SUD éducation la fermeture progressive des établissements médico-sociaux et le transfert de tous les moyens à l'école publique, c'est bien parce que nous entendons la souffrance des élèves, des personnels, des familles ! Une école publique inclusive ne se fera pas sans une véritable révolution des pratiques, des bâtis et de l'ouverture de l'institution au secteur du médico-social !
Enfin, nous souhaitons terminer notre propos liminaire en apportant tout notre soutien au peuple de Gaza victime d’un génocide auquel nous assistons tousTES en direct. Combien de milliers de mortEs et d’atrocités ce peuple devra-t-il endurer dans l’indifférence quasi totale ? C’est pourquoi les syndicats SUD éducation de l’académie dénoncent avec force la suspension d’une enseignante à Sens, demandent l’annulation de toute sanction à son égard et vous demandent, Monsieur le Recteur, Mesdames et Messieurs les directeurs académiques, de veiller à ce qu’aucune pression ni répression ne soit exercée à l’égard des personnels qui se sont mobiliséEs, se mobilisent actuellement et se mobiliseront en soutien à cette collègue et contre le génocide à l’oeuvre à Gaza. Et pour nous faire entendre encore plus fort, comme d'autres organisations syndicales, nous appelons l'ensemble des personnels à un rassemblement devant la DSDEN 13, demain mercredi 28 mai, à 12h30.