Depuis le dernier congrès on a pu constater une baisse du nombre d'adhérentES qui fait suite à une longue période de stagnation. Parallèlement à cette situation nous avons observé un très fort turn-over de nos syndiquéEs. Notre syndicat continue à attirer de nouvelles personnes et dans des proportions plus grandes qu'avant mais en même temps un très grand nombre de personne ne ré-adhère pas à notre syndicat.
Ce bilan est préoccupant et doit nous amener à conduire une réflexion de fond sur notre pérennité, notre développement et nos pratiques. Ce déficit d'adhérentES conduit à d'autres problèmes qui vont jusqu'à questionner des points essentiels de notre syndicalisme. Le manque d'adhérent, le manque de renouvellement conduit à la fois à une usure et à un découragement des militants les plus investis et expérimentés et en même temps à un éloignement des nouveaux adhérents, ce qui pose de manière évidente la question de la rotation des mandats dans notre syndicat et donc celle de la démocratie. Plus évident encore cette baisse de nos adhérents a des conséquences matérielles à court et à long terme puisque notre trésorerie est désormais en déficit structurel.
A cela s'ajoute la question de la perte de la représentativité en 2014 qui a entrainé une diminution importante de nos droits syndicaux et donc des moyens humains à notre disposition. La question sera donc également de savoir quel impact a eu cet échec sur notre développement, a t-il créé cette situation, l'a t-il renforcé ou est-il la conséquence d'une dynamique plus ancienne ?
Pour toutes ces raisons, il nous paraît important d'élaborer une stratégie de développement de notre syndicat qui nous donnerait les moyens de voir nos revendications et nos combats aboutir. Pour cela il est pour nous nécessaire de :
- travailler sur nos pratiques interne et externe
- travailler à la visibilité de SUD éducation
- réfléchir aux modalités d'organisations interne à notre syndicat en exploitant au mieux les statuts déjà en place
- élaborer une stratégie en perspective des élections (décembre 2018)
- assurer un travail d'information syndicale de base concernant les droits des personnels de notre champ de syndicalisation
1. Développer la pratique du consensus (la procédure d'alerte Shadok)
A travers des discussions avec d'ancienNEs adhérentEs ou avec des adhérentEs en retrait de notre syndicat, il est selon nous important de repenser nos pratiques en terme de prises de décisions. Certains débats ont par exemple suscité, et suscitent encore d'importants désaccords. La façon que nous avons eu de « sortir » de ces débats en prenant des décisions au vote majoritaire ont contribué à éloigner certaines personnes sans pour autant permettre de mener un véritable travail à partir des décisions qui ont été prises. Par exemple le débat sur la laïcité et la question de l'abrogation de la loi de 2004 ont entraîné un fort clivage, qui a abouti à un vote majoritaire en faveur de cette abrogation sans que pour autant aucun travail concret ne soit effectué par notre syndicat. Cette expérience était nécessaire et ce type de débat (malgré des désaccords qui peuvent être importants) est non seulement légitime mais plus encore essentiel.
Lors de débats il nous paraît essentiel de tenter d'arriver à un consensus ou à une position commune qui nous permettent d'avancer collectivement et de porter réellement nos décisions auprès des personnels de l’Éducation nationale. Pour nous un débat est abouti quand nous arrivons à une position ou le vote n'est quasiment plus nécessaire. Rien ne sert d'imposer à une grande minorité le point de vue d'une petite majorité si cela doit conduire au final à ne rien porter du tout. Dans ce cas nous préconisons de s'abstenir même en cas d'accord avec le texte pour ne pas voir une position à peine majoritaire l'emporter.
2. Trésorerie
Perdre des adhérentEs, c'est perdre de la trésorerie. Actuellement la trésorerie de notre syndicat est en déficit structurel du fait de notre participation importante au fonctionnement du local de Solidaires. Rapellons que ce local est un élément essentiel de notre visibilité et de notre développement en tant que syndicat de l'éducation membre d'une union syndicale interprofessionnelle inscrit dans le mouvement social. Il est impératif de conserver cet outil indispensable et pour cela le nombre d'adhésion doit progresser. Si nous voulons continuer à participer de la même manière au financement de notre local il faudrait au moins augmenter notre nombre d'adhérent de 50%.
3. Les élections
La perte de la représentativité a peut-être affecté le développement de notre syndicat au niveau départemental mais aussi au niveau national. On peut voir un recul important d'adhérentES dans de nombreux départements ou académies où il y a peu ou pas d'éluEs. Les syndicats qui sont restés représentatifs ou ont obtenu la représentativité (Comité technique) ont plutôt tendance à progresser comme c'est le cas dans le 04 et le 05. La représentativité assure plus de droits syndicaux, l'accès à de nombreuses informations et une visibilité plus importante pour nos collègues. Cependant elle nous interroge sur le rôle que doivent avoir nos éluEs. Cette interrogation est d'autant plus importante quand la représentation est académique compte tenu de notre structuration en syndicats départementaux. La coordination entre les syndicats départementaux est cruciale en vue des prochaines élections.
La perspective des prochaines élections professionnelles en décembre 2018 est particulièrement importante. UnE éluE en CTM nous permettrait de regagner notre représentativité et nos moyens syndicaux. Dans le supérieur, la fédération SUD EDUCATION a un élu et la représentativité est également un combat à mener. Entre 2011 et 2014 le nombre d'électeurs-TRICES de SUD éducation n'a pas progressé et de ce fait nous avons perdu notre siège (à nous!). Il est donc important de convaincre d'ici là un maximum de collègues de l'utilité de voter pour nous et de nous suivre dans nos luttes. Une présence au CTA et encore mieux au CHSCTA nous permettrait de faire un travail visible et utile pour les collègues (encore faut-il des personnes qui siègent). Pour y parvenir notre syndicat doit se développer en terme d'adhérentEs et d'implantation géographique. Une des explications que nous trouvons dans notre perte de représentativité est peut-être la stagnation de notre syndicat au niveau départemental comme national.
4. Implantation géographique
Le developpement de notre implantation géographique passe par une plus grande présence et visibilité sur le terrain et dans l'ensemble du département.
a. Les tournées de bahuts
Ces tournées nous semblent essentielles pour aller au contact des collègues et faire connaître notre syndicat et nos idées. C'est un moyen de prendre des informations et du recul sur ce qui se déroule dans nos établissements respectifs. Cependant cette activité est chronophage et ne peut être supporté par les déchargés uniquement. Cela devrait concerner l'ensemble du syndicat. Ceci étant dit nous sommes bien conscients que cette activité demande une formation qu'il faudra
organiser , plusieurs fois dans l'année, pour mettre en confiance et légitimer les volontaires. Toujours dans l'idée de gagner en temps et en efficacité, nous pourrions envisager de mettre en place une sectorisation géographique qui nous permettrait de renforcer notre implantation là ou nous sommes déjà présents mais isolés. Toujours dans cet objectif nous pourrions calquer ces secteurs sur la création de section syndicale.
b. Les sections syndicales
Il s'agit d'un outil déjà prévu dans nos statuts mais que nous n'utilisons jamais. Pourtant elles constituent un moyen de développement et d'ancrage important. D'un point de vue démocratique, ces sections permettraient la participation plus générale des adhérents isolés ou éloignés à la vie de notre syndicat. Cette structuration aurait l'avantage de permettre à un maximum d'adhérents de s'impliquer ou pas en fonction de ses moyens et de ses envies. L'équipe syndicale pourrait avoir pour tâche de rester en lien avec chaque section (déclarée en AG) par des contacts réguliers notamment par téléphone.
c. Des AG journées
Lors du congrès de 2011 nous avions déjà acté la possibilité d'effectuer 3 AG journées dans l'année. Nous n'avons jamais atteint ce mandat. Pourtant cela représenterait une possibilité intéressante pour voir augmenter le nombre d'adhérent qui participerait aux AG, et de renouveler cette participation. Nous pensons principalement aux personnes éloignées. Cette AG journée pourrait avoir lieu au milieu d'un trimestre et devrait être préparée en amont pour rendre possible le débat en section. Si l'on veut que nos adhérents s'impliquent, qu'ils restent dans notre syndicat et qu'ils en portent les combats, il est indispensable qu'ils puissent s'approprier notre instance décisionnelle. Aujourd'hui nos AG sont trop longues sur un temps trop court tout en ne permettant d'avoir suffisamment de temps de débat et de réflexion. Les participants se renouvellent peu et demeurent essentiellement des gens habitant près du local.
5. La communication
a. En interne
Notre communication en interne repose essentiellement sur nos listes mails. La liste adhérent est dotée d'une charte établie en congrès qui n'est pas modérée et que nous ne devons pas remettre en cause. Il serait souhaitable que cette charte soit suivie par toutes et tous. Par ailleurs les mails en provenance de la boite du syndicat et donc de l'équipe ont longtemps été trop nombreux. Plusieurs choses ont été mises en place et vont dans le bon sens. C'est par exemple le cas de la newsletter (à la fois interne et externe) et du mail le « saviez-vous » qui condensent les informations de vie interne à notre syndicat départemental et fédéral en un ou deux mails. Certains thèmes (et nous pourrons les définir plus précisément au congrès) doivent en revanche faire l'objet d'une visibilité spécifique (luttes, AG, matériel syndical).
b. En externe
Charte graphique
Le travail sur une charte graphique a été initié dès 2010 et se poursuit. Il faudrait cependant que cette décision soit entérinée et que nous ayons une maquette utilisable et utilisée par toutes et tous.
L'utilisation des boites académique.
La possibilité nous est désormais offerte de nous adresser directement aux personnels via les boites professionnels. Tous les syndicats mis à part le notre ont saisi cette opportunité de se faire connaître. A SUD éduc cela suscite des débats légitimes : est-ce une façon de spamer les boites mails ? Est-ce un outil efficace ? Cet outil n'est-il pas contre productif ? Quel doit être le rythme d'envoi ? N'est ce pas un outils pour relayer nos luttes ? Etc...
Si l'envoi par la fédération d'un mail à tous les personnels tous les 15 jours peut-être écarté, il nous semble important de ne pas se fermer totalement à la possibilité d'utiliser cette solution d'un point de vue local et de ne pas se limiter aux seules élections car ce serait pour le coup contre productif et électoraliste.
Dans une certaine limite nous pourrions ainsi pallier à notre faible implantation géographique et professionnelle (sans pour autant négliger la présence de terrain avec la création de section). De même c'est un moyen pour recueillir des informations comme nous l'avons fait dans le premier degré sur la question de la souffrance au travail, par l'élaboration et la diffusion de questionnaire, de remarques et de sondages...
La diffusion de notre Newsletter
Une newsletter est déjà en place dans le 13 depuis plus d'un an ce qui est une excellente chose. Elle s'adresse aux adhérents de SUD éduc mais aussi à certains de nos sympathisants. Cependant sa diffusion pourrait-être beaucoup plus large et nous assurerait une visibilité encore plus grande. Il est quand même dommage que nous passions beaucoup de temps à élaborer des contenus et du matériel syndical pour que celui-ci ne soit lu que par des gens convaincu c'est à dire peu de monde. Cette newsletter renvoi à des articles qui figurent sur notre site et permet donc d'être une sorte d'amorce vers notre vitrine virtuelle qu'est le site internet de SUD éduc 13.
Nous pensons qu'il est important d'élargir la liste de diffusion de cette newsletter. Cela passe par la possibilité de mettre en ligne une inscription automatique, la référence sur nos tracts de cette lettre et pourquoi pas en proposant directement sur les boites professionnelles cette possibilité lors de nos courriers éventuels. Dans un soucis de cohérence graphique, politique et numérique il faudra travailler sur le contenu, l'aspect visuel et le format.
Les réseaux sociaux
Notre présence sur les réseaux sociaux est de l'ordre du néant. Ce vecteur est pourtant aujourd'hui un moyen de communication très pratiqué. Beaucoup de nos adhérents, de nos sympathisants en sont utilisateur, et c'est parfois pour nombre d'entre eux une façon de contribuer à la diffusion d'une information ou d'une opinion. Nous devons nous doter d'un tel outils (à définir ensemble).
Le site internet
Le site internet est l'équivalent virtuel de notre local. C'est une des vitrines de notre syndicat. Il faut donc soigner et développer cet outil qui met en valeur nos idées, notre matériel syndical et nos combats. Aujourd'hui notre site internet est vétuste et manque de fonctionnalité. Il doit être réactualisé notamment pour qu'il puisse être web responsive c'est à dire parfaitement adaptable aux tablettes et aux téléphones portables. Il faudra réfléchir à l'hébergement de notre site et à la question du nom de domaine (ce qui représente un très faible coût).
Le contenu de notre site est intéressant et repose sur des prises de positions locales et fédérales. Cependant il y manque curieusement d'informations concernant les droits des personnels. Or si nous voulons que les collègues viennent visiter notre site c'est souvent une de leurs premières préoccupations.C'est aussi une entrée vers le militantisme et le syndicalisme que nous ne devons pas laisser fermer d'autant plus que nous portons une façon bien à nous de mettre en avant les droits (souffrance au travail, RSST, luttes collectives etc...). Si les collègues trouvent les informations qu'ils cherchent sur notre site, il pourront à l'occasion d'une visite jeter également un coup d’œil à nos prises de position.
Comme dans notre local nous pourrions y accueillir de nouveaux adhérents grâce à la possibilité d'une adhésion en ligne (ce qui est parfaitement faisable).
Actuellement les Bouches-du-Rhône bloquent la création d'un portail académique pourtant acté lors d'une réunion académique de 2010. Il conviendrait de régler cette situation et de s'atteler au contenu et notamment à notre représentativité académique (CAPA certifiés et assistantes sociales)
6. Travail d'information syndical concernant les droits des personnels
Le travail sur les droits des personnels (à la fois juridique et collectif) est trop peu développé dans notre syndicat, il faut donc s'y atteler dès à présent par la réalisation de guides, de fiches thématiques (mis en ligne) et de formations. Ces points sont importants car ils visent à l'autonomie des personnels quant à leurs droits (autonomie vis à vis des organisations syndicales mais également de l'institution) ce qui va à l'encontre du syndicalisme de service. La question des mutations doit y avoir sa place dans le même esprit (et dans le cadre académique pour les mandats académiques). Ce travail sur les droits est une des missions du syndicalisme. Il ne s'agit pas d'avoir une activité syndicale qui ne repose que là dessus mais qui soit complémentaire et complète. Ce travail sera livré à l'ensemble des personnels qu'ils soient adhérents ou non à notre syndicat. Si nous parvenons à accomplir ce travail, la différence avec les autres organisations ne se fera plus sur les aspects techniques ou sur la forme mais sur le fond de nos idées et de nos revendications.
7) Accueil et formation des nouveaux·ES adhérent·Es
C'est un aspect essentiel qui existe déjà, mais nous pouvons toujours l'améliorer. Le congrès doit donc se poser la question de la formule et du contenu. Pour élaborer des besoins peut-être plus proches des adhérents il faudrait envisager d'aller à leur contact à minima par téléphone et à travers les sections sinon. Il s'agit d'une piste de réflexion.
Sur le modèle de Créteil qui élabore en fonction du calendrier scolaire un journal des sections (CA, DGH, aide aux élèves sans-papier..), nous avons conçu des fiches intitulées AGIR SYNDICALEMENT. Il nous paraît utile de généraliser et de développer cet outil, qui permet à chacun de devenir plus autonome dans son école ou son établissement et en restant fidèle au principe de l'autogestion. Nous pensons que cela peut aider certains adhérents à gagner en confiance pour pourquoi pas s'investir plus amplement dans la vie du syndicat (ou pas !).