Congrès 2016 | Revendications syndicales de base pour une lutte interprofessionnelle

Sud éducation 13 réaffirme sa volonté d'un engagement interprofessionnel effectif. Défendre les salariéEs du privé et du public, avec ou sans papiers, lutter contre le chômage et la précarité, contribuer à l'auto- organisation des mobilisations sociales, œuvrer à une transformation sociale en rupture avec le modèle capitaliste, nécessite un cahier revendicatif propre à notre syndicat.

I - Le partage du temps de travail

1. Contre le chômage et la précarité SUD éducation 13 revendique le partage du temps de travail.

Pour l’Union Syndicale Solidaires, un premier stade dans la réduction du temps de travail est le passage à la semaine de 32h sans perte de salaire, qui peut être compensée par un recrutement au temps partagé.

Dans l’éducation nationale cela se traduit :

  • par la fusion des corps en un corps unique et le passage à 16h hebdomadaire devant élève.
  • pour les PE, à un passage de 27h à 16h en repensant l’organisation du travail et sans annualisation.
  • pour les autres personnels de l’Éducation nationale (administratifs, agents...), un passage de 35h à 32h sans annualisation.

2. Le partage du temps de travail passe aussi par la suppression pure et simple des heures supplémentaires.

II - Protection socialE

1. Les retraites.

Pour de meilleures retraites permettant une égalité entre les hommes et les femmes, Sud éducation 13 revendique des adaptations des systèmes de retraite afin d'amplifier les solidarités en rendant les systèmes moins contributifs et donc plus redistributifs.

Cela passe par des droits améliorés pour toustEs, à travers :

  • L’abrogation des réformes régressives des retraites depuis 1986 et l’annulation de la décote.
  • Le droit à la retraite à 60 ans et aux départs anticipés à 55 ans pour pénibilité.
  • Une adaptation de la durée de cotisation pour une retraite à taux plein à la durée moyenne validée, constatée et prévue, qui est légèrement inférieure à 37,5 ans actuellement.
  • La prise en compte des arrêts dans la carrière, notamment le congé parental, le temps partiel, les arrêts maladie ou les périodes de chômage qui de fait induit un temps et un niveau de cotisation imputés du temps de ce congé. Cette perte doit être compensée par l’employeur.
  • Un minimum vieillesse équivalent au SMIC, soit 1700 euros mensuel (voir III - Les salaires)

Enfin, cela passe également par une revalorisation très significative du montant des retraites, notamment des petites retraites et une augmentation importante du minimum retraite (minimum contributif) qui est au- dessous du seuil de pauvreté.

Le minimum contributif est de 629 euros par mois, les retraités qui ont cotisé au moins 120 trimestres durant leur carrière peuvent bénéficier du minimum contributif majoré soit 687,32 euros par mois. En comparaison le seuil de pauvreté pour une personne seule en France est actuellement de 987 euros par mois (seuil de pauvreté est de 60% du revenu médian).

2. L'assurance maladie.

Pour une assurance maladie égalitaire et de qualité qui n'exclue personne, Sud éducation 13 revendique :

  • La mise en place d'un régime universel, solidaire et égalitaire d'Assurance Maladie conduisant à une prise en charge à 100% des frais médicaux et la pérennisation du tiers payant. Ce qui suppose de sortir de la prise en charge des frais de santé toutes les complémentaires privées, instituts de prévoyance, sociétés privées qui réalisent des profits sur la maladie.
  • Le droit et l’accès gratuit à la contraception et à l'avortement.
  • L'accès à des soins gratuits de qualité pour toustEs, partout, de façon permanente.
  • La prise en compte en amont et en aval de l'impact écologique sur les problèmes de santé. - La mise en place d'un pôle public de recherche pharmaceutique du médicament.
  • Le passage du régime étudiant dans le régime général.

3. Les allocations.

Pour un système d'allocations familiales plus juste, Sud éducation 13 revendique des financements permettant :

  • Le versement de l'allocation familiale dès le premier enfant.
  • Le renforcement d'un vrai service public de la petite enfance. La clarification du rôle des différents intervenants (Etat, CAF, collectivités territoriales) permettrait, entre autres, de clarifier les modes de financement.
  • De renforcer la politique visant à la création de crèches publiques.
  • De renforcer les mesures incitant à l'investissement des pères dans la prise en charge des enfants (congé parental...)
III - Les salaires

Pour réduire les inégalités de revenus il faut jouer sur plusieurs facteurs :

  • Restaurer un partage entre salaire et profits
  • Faire reculer la précarité
  • Réduire la ponction de la finance et réaliser une profonde réforme fiscale (transfert des revenus financiers vers les revenus du travail, plus de salaires, moins de dividendes).

Pour la répartition des richesses, SUD éducation 13 revendique à long terme un revenu unique, à court terme un salaire minimum revu et des salaires augmentés, ce qui se traduit par :

  • Un SMIC à 1700 euros dont l’évolution sera indexée sur l’inflation
  • Un rattrapage de pertes cumulées de pouvoir d’achat par une augmentation pour les bas salaires de 400 euros et une augmentation inversement proportionnelle au montant du salaire pour les autres, dont les modalités techniques de mise œuvre devront mener vers le salaire unique.

Des mesures concrètes pour faire disparaître les écarts de salaires entre femmes et hommes en s’appuyant sur un bilan des égalités salariales.

IV - Santé et conditions de travail

La revendication d'un travail ayant pour objectif de produire un bien ou un service vraiment utile à la collectivité est une revendication réaliste et nécessaire à la santé des travailleurEs.

Le phénomène de souffrance au travail s'accentue, en dégradant la santé physique des travailleurEs, par les conditions de travail, et leur santé mentale, par l'organisation du travail.

Parce que Sud éducation 13 n'accepte pas que le travail puisse tuer, blesser et handicaper physiquement ou psychiquement, il faut pointer les responsabilités patronales et renforcer les obligations des employeurs.

Cela passe par :

  • Un renforcement des dispositifs législatifs encadrant les obligations des employeurs en termes de conditions de travail, d’horaires de travail, de sécurité, de santé au travail, en particulier au niveau des CHSCT.
  • Une mise en place effective dans l’Éducation nationale du registre santé et sécurité au travail avec un renforcement de son utilisation dans les établissements car c'est un outil indispensable pour prendre en compte la souffrance au travail et les risques qui lui sont liés.
  • Le respect de l’obligation de l’évaluation des risques professionnels (physique ou psychique) en rendant systématique la visite médicale.
  • La prise en compte de tous les risques, physiques et mentaux et psycho- sociaux (stress, souffrance au travail) dans l’approche juridique des conditions de travail.

Sud éducation 13 insiste sur la nécessité d'une visite médicale effective et obligatoire pour toustEs tous les deux ans, comme elle l'est dans toutes les entreprises publiques et privées.

V – La précarité

Le capitalisme a besoin d'une armée de chômeurs et de précaires afin d'asseoir son emprise sur le salariat. Dans le public comme dans le privé, le nombre de salariéEs précairEs a explosé.

L’Éducation nationale est l'un des premiers employeurs de précairEs à travers plusieurs types de contrat : CAE, CUI, AESH, enseignants contractuels,...

Contre cette politique de précarisation et de mise en concurrence des salariéEs, Sud éducation 13 revendique une titularisation immédiate et sans conditions de concours et de nationalité, avec une formation sur le temps de travail, adaptée aux besoins et aux demandes des salariéEs, et un arrêt du recrutement de prolétairEs précairEs.

Cette revendication repose sur le refus de tout contrat de travail qui impose la précarité.

Quand le patronat public embauche, il doit titulariser les travailleurEs sous statut de fonctionnaires.

Si nous combattons la division du travail, si nous combattons la hiérarchie des salaires, alors face au patronat d’état, la titularisation immédiate sans conditions de concours ni de nationalité de toustEs les précairEs est la seule revendication cohérente.

VI - Pour un service public égalitaire de qualité.

La libre concurrence et le tout marché prôné par les politiques européennes et nationales ont permis la destruction de certains services publics, et pour d'autres leur affaiblissement. Certains ont été totalement démantelés par des privatisations totales ou partielles, d'autres ont été totalement désorganisés sous couvert de « rationalisation ». Tous ou quasiment tous ont subi des réductions massives d'effectifs.

Et si par ce biais, les services publics deviennent moins efficaces, c'est l'occasion pour les tenants du « tout privé » de les dénigrer, et de déclarer que la privatisation de ces services serait la solution !

Pour Sud éducation 13, les missions « d'intérêt général », de mise en commun des ressources et de partage permettant l'égal accès de toustEs à un bien commun ou à un service collectif relève de l'action publique.

Sud éducation 13 refuse :

  • La mise en œuvre de toute forme de décentralisation qui augmente les inégalités entre les territoires. - La dictature de la marchandisation qui s'oppose à l'intérêt général.
  • La réduction du périmètre des politiques des services publics qui engendre un accroissement des inégalités dans l'accès aux services publics et aux biens communs (santé, éducation, énergie,...)
  • La logique capitaliste de privatisation des bananEs.

Sud éducation revendique :

  • La satisfaction des besoins fondamentaux, la conquête des droits sociaux.
  • L'égalité par un accès égal sur tout le territoire aux biens communs et aux services publics gratuits pour toustEs.
  • Une embauche de personnels titulaires, fonctionnaires d'état, afin de répondre aux besoins et d'assurer un exercice du service public impartial et égal pour toustEs ainsi qu'un changement de statut pour tous les fonctionnaires décentralisés.

Sud éducation 13 dénonce et refuse les partenariats Public-Privé dans tous les services publics, car à travers la recherche de financements privés l'Etat et les collectivités se désengagent de leurs missions de service public. Car :

  • L'objectif des groupes privés n'est pas de satisfaire les besoins des citoyennEs et l'intérêt général mais de s'assurer des profits.
  • Avec ces contrats de partenariat, le privé s'approprie des marchés, des secteurs entiers qui lui échappaient auparavant.
  • Ces partenariats détournent l'argent public en socialisant les pertes tout en privatisant les profits. Ce type de partenariat se traduit toujours par une dépense publique bien supérieure à la valeur d'usage.

Il est à ce titre inadmissible que dans l’Éducation nationale, de grands groupes privés (Microsoft, Hachette...) financent des projets pédagogiques pour s'ouvrir des marchés.

Sud éducation 13 s'oppose à ce genre de partenariat qui aliène les usagers et les services publics et qui tend vers leur privatisation.

Dans ce contexte de remise en cause des politiques publiques, l'avenir de l'école publique est incertain.

C'est pourquoi, Sud éducation 13 réaffirme son attachement à un service public d'éducation émancipateur à travers :

  • La nationalisation sans rachat ni compensation de l'enseignement privé et la fonctionnarisation de l'ensemble de ces personnels.
  • Une École solidaire contre la concurrence entre établissements, la hiérarchisation des filières et des formations.
  • Une politique scolaire avec de réels moyens supplémentaires pour les quartiers populaires, afin de lutter contre les inégalités scolaires.

Pour tous les services publics, Sud éducation 13 revendique un service de qualité, égalitaire et gratuit pour toustEs sur tout le territoire.