CSA académique du 1er juillet 2025 : Déclaration de SUD éducation

Monsieur le Recteur,
Mesdames et Messieurs les membres du CSA académique,

Nous prenons la parole une fois encore dans cette instance pour porter les voix des personnels, en particulier les plus précaires, trop souvent invisibilisé·es, méprisé·es, voire réprimé·es.

Contre les non-renouvellements et la précarité organisée

Comme chaque fin d'année scolaire, l'approche des vacances signifie pour certainEs la perspective du chômage et de se retrouver sans emploi. La précarité dans l'éducation nationale n'est pas qu'un mot : les AED, AESH et touTEs les contractuelLEs de l'éducation nationale y sont confrontéEs. iELLEs ont des contrats courts et sont à la merci de décisions arbitraires trop souvent abusives de la part de chefs d'établissement, de l'inspection académique ou encore du rectorat.

Ce mardi 1er juillet, c'est l'anniversaire du rectorat d'Aix-Marseille, mais c'est aussi l'occasion pour nous de rappeler qu'il est temps d’en finir avec cette gestion brutale et cynique des personnels précaires.

SUD éducation revendique :

  • La fin des non renouvellements abusifs et l'annulation de toutes les décisions de non renouvellement prises en cette fin d'année
  • La titularisation de tous les personnels contractuels sans conditions de concours et de nationalité
  • La création de poste à la hauteur des besoins
Alors que nous discuterons du plan pour l'égalité professionnelle, ne pas tout faire pour combattre la précarité, très majoritairement féminine, est un choix politique. Un choix récurrent si nous considérons les refus répétés des services académiques d'engager un travail sur une grille de salaire des AED ou sur l'octroi de jours de fractionnement aux AESH. De la même façon, les abus concernant le décompte des heures connexes des AESH comme c'est le cas actuellement dans le Vaucluse en contradiction avec le cadre de gestion académique publié l'an passé pèse sur les personnels et participent à un manque de reconnaissance structurel de tous les contractuelLEs.

La casse du service social en faveur des élèves dans les Bouches-du-Rhône

La DSDEN 13 a annoncé, sans concertation, une nouvelle répartition des postes d’assistantEs sociauxALEs basée sur un nouveau système de pondération. Cette réforme, imposée à moyens constants, entraîne des pertes de présence des assistant·es sociaux·ales dans des établissements pourtant prioritaires : parmi eux les collèges Pythéas, Rostand, du Vieux Port, Rosa Parks, ou encore le Lycée Victor Hugo à Marseille.

Alors même qu’il manque de structures sociales autour des établissements, certains collèges perdraient jusqu'à deux jours de présence hebdomadaire de l'assistante sociale. Cette décision remet en cause l’accompagnement essentiel des élèves en matière de prévention, de protection de l’enfance et de lutte contre les violences. D'ores et déjà, des assistantes sociales s'inquiètent de l'évolution de leurs conditions de travail et des conséquences pour leur santé. Elles craignent des arrêts maladie, parlent de quitter l'éducation nationale.

Nous exigeons une révision urgente des dotations et un renforcement massif des moyens pour les services sociaux scolaires. La pénurie organisée d’assistantes sociales dans les collèges REP+ du département des Bouches-du-Rhône n'est pas acceptable. Comment prétendre réduire les inégalités si les élèves les plus exposéEs sont privéEs d’un soutien social fondamental ? Nous exigeons une révision urgente des dotations et un renforcement massif des moyens pour les services sociaux scolaires.

Discriminations envers les personnels en situation de handicap 

Depuis plusieurs mois, notre syndicat alerte sur des situations graves et répétées de discriminations envers des collègues en situation de handicap dans cette académie. Ces personnels, pourtant bénéficiaires de l’obligation d’emploi (BOE), sont confrontés à une violence institutionnelle systémique : refus d’embauche ou de titularisation sans justification, propos validistes ou racistes non reconnus, isolement professionnel, entrave à l’accès aux droits les plus fondamentaux.

Le 21 mars dernier, nous avons demandé une audience pour faire entendre collectivement ces injustices. Malgré plusieurs relances, l’administration a attendu le 20 mai pour organiser une rencontre – suivie d’entretiens individuels qui n’ont donné lieu à aucune reconnaissance ni action corrective. Pire : des propos inacceptables ont été tenus à l’encontre d’un collègue, à qui il a été dit – nous citons – « notre seule erreur a été de ne pas vous licencier lorsque nous aurions pu ». Ces mots résument le mépris avec lequel l’administration traite ces agent·es. Nous voulons aujourd’hui porter ici, au sein de cette instance, le cas de Nicolas, CPE en situation de handicap, engagé et reconnu aujourd'hui dans ses fonctions, évincé de l’Éducation nationale au 31 aout prochain malgré des avis favorables, simplement parce que « la principale ne le veut pas ». Et Nicolas n’est pas un cas isolé. Leïla, autre collègue BOE, après 22 ans de carrière en catégorie C, a été recrutée en catégorie B et aujourd’hui, on lui refuse la titularisation… Elle doit donc « redescendre ». Nous dénonçons une politique RH sourde à tout argument contraire à ses décisions, qui refuse toute remise en question même face à des éléments matériels, et qui réduit les personnels BOE à une case administrative. Nous rappelons que la loi impose un accompagnement, un accès à la titularisation, à la promotion, et au respect des droits.

SUD éducation exige :

  • La révision immédiate des décisions prises à l’encontre des collègues concerné·es
  • La reconnaissance officielle des discriminations subies
  • Des garanties concrètes pour les BOE : accompagnement, recours, et titularisation équitables
  • Une rupture avec une gestion inhumaine et méprisante des personnels en situation de handicap.
Un plan académique concernant les températures?

Les épisodes caniculaires de ces derniers jours ont une nouvelle fois mis en évidence les conditions de travail éprouvantes dans de nombreuses écoles, collèges et lycées de l'académie. Les températures extrêmes exposent les élèves comme les personnels à des risques sérieux pour leur santé et leur sécurité. Certaines salles de classe deviennent tout simplement inhabitables.

Dans ce contexte, il paraît particulièrement difficile d'envisager un raccourcissement des vacances d'été, souvent évoqué dans le débat public, alors même que les établissements ne sont pas équipés pour faire face à ces conditions climatiques.

Nous demandons des réponses rapides aux fiches SST et DGI en lien avec la canicule en cours ainsi qu’un véritable plan d’aménagement et d’adaptation des bâtiments scolaires à mettre en œuvre sans délai, afin de garantir des conditions d’apprentissage et de travail dignes et sûres. La récurrence annoncée des vagues de chaleur rend cette anticipation indispensable.

Plan Académique d’Action pour l’Égalité Professionnelle entre les Femmes et les Hommes 2025–2027

Comme vous le savez, SUD éducation est très attaché à la défense du droit des femmes et considère que l’Etat a un devoir d’exemplarité sur ce sujet en termes de lutte pour une égalité réelle entre les femmes et les hommes. Seulement, à la lecture du plan, et nous l’avions déjà précisé lors du GT du 18 juin dernier, le caractère non contraignant des mesures, l’absence d’objectifs chiffrés réellement engageants et le recours massif au vocabulaire de l’« étude de faisabilité », du « cadrage national à venir » ou du « bilan intermédiaire » montrent que l’essentiel reste dans l’intention plutôt que dans l’obligation.

Selon nous, il n’y a pas de remise en cause des logiques d'un système patriarcal qui résultent d'un autre temps! Le plan adopte une approche technocratique de l’égalité professionnelle, centrée sur l’harmonisation des procédures, la collecte de données sexuées et la communication. Mais il évite soigneusement toute remise en cause structurelle des inégalités produites par la hiérarchie, la précarité (notamment des AESH ou des contractuel·les) ou la surcharge de travail — problématiques pourtant genrées dans leurs effets.

Alors que nous l’avons collectivement demandé lors des GT, le plan évoque très brièvement les AESH, les personnels précaires ou les femmes en CDD avec projets d’évolution, sans mettre en place de mesures concrètes pour améliorer durablement leurs conditions de travail. Aucune mesure structurelle n’est prévue pour titulariser ces personnels ou revaloriser leurs salaires alors même que le Rectorat aurait les moyens d'avancer sur ces questions sans attendre un nouveau cadre national comme c'est le cas sur l'octroi des jours de fractionnement.

L’académie confie l’animation du plan à des cadres hiérarchiques (chefs d’établissement, IEN, DRRH), sans remettre en cause le rôle que peut jouer cette même hiérarchie dans la reproduction des inégalités et des violences sexistes. Là encore, nous avons fait remonté la nécessaire implication et formation de l’ensemble des personnels de l’académie, ce qui n’a pas été entendu.

Le plan mise beaucoup sur la formation « à distance » ou sur des campagnes de communication internes, mais sans prévoir de temps de formation obligatoires et conséquent SUR temps de travail, alors même que nous avons tousTEs exprimé le fait que les formations à distance et en dehors du temps de travail désavantagent les femmes !

Le volet santé des femmes est l’un des plus concrets (fiches réflexes sur endométriose, PMA, etc.), mais aucune mesure contraignante n’est envisagée pour adapter les postes de travail ou alléger les charges professionnelles, notamment pour les femmes exposées à des pathologies chroniques. Nous avons fait des propositions en GT, nous les avons même faites à nouveau remonter à l’écrit comme demandé à la suite du GT de présentation du 18 juin, mais rien n’a été pris en compte.

Nous en concluons donc que derrière l’affichage institutionnel qui va permettre une large communication en "papier glacé", l’académie semble davantage intéressée à la course au label « égalité et diversité » qu’à un véritable plan d’action en faveur des femmes.

Enfin, sur la forme, nous nous interrogeons sur le respect du dialogue social qui est en cours. En effet, si les groupes de travail ont permis des discussions riches et sans tabous, à quoi servent-ils si les propositions que les premières concernées, représentantes du personnel restent écoutées sans jamais être entendues ?

En conclusion, SUD éducation  tient à rappeler que ce que nous portons ici, ce ne sont pas de simples revendications catégorielles, mais des exigences de justice, de dignité et d’égalité. Ce sont les voix des invisibilisé·es, des précarisé·es, des discriminé·es, que nous faisons entendre dans cette instance.

Face à une institution qui communique plus qu’elle n’agit, qui affiche plus qu’elle ne transforme, nous continuerons à dénoncer les violences sociales, sexistes et validistes, à exiger des moyens, des postes, des titularisations et un respect réel des droits des personnels et des personnes.

Ce n’est pas d'un label « égalité-diversité » dont nous avons besoin. Ce qu’il nous faut, c’est une rupture avec une gestion méprisante, injuste et autoritaire des personnels. Ce qu’il nous faut, c’est une politique RH profondément humaine, sociale et démocratique.