Jours de carence, temps de travail, conditions de travail : du mépris, encore du mépris, toujours du mépris

Ces derniers temps, le ministre de la fonction publique, M. Kasbarian, a annoncé que le Gouvernement amenderait le projet de loi de finances afin de porter de un à trois le nombre de jours de carence en cas d’arrêt-maladie des agents publics et d’amputer la rémunération des fonctionnaires de 10% durant les trois mois de congé maladie ordinaire (CMO).

Le ministre Kasbarian accuse au passage dans les médias les personnels de la fonction publique “d’absentéisme” laissant entendre que les fonctionnaires seraient sans cesse absents. Le mot « absentéisme » et sa connotation négative, évoquant une absence non justifiée, souvent associé à de des élèves en difficulté. C’est une nouvelle fois, une infantilisation des agentEs de la fonction publique. La réalité, elle, est toute autre : les fonctionnaires sont moins absentEs que dans le privé (10,2 jours contre 11,6 jours dans le privé), et les professeurEs moins malades parmi eux. Perdre 10% de son salaire lorsque l’on est malade et que l’on suit les prescriptions médicales d’arrêt de travail est intolérable !

En 2022, les enseignantEs ont été absentEs pour raison de santé autant que les salariéEs du privé, alors que leurs conditions de travail se sont grandement dégradées. En effet, si les arrêts maladie augmentent, peut-être faudrait-il s’interroger sur les raisons de cette évolution, et donc sur les phénomènes de burn out, de fatigue, de mal être, d’un vécu de dégradation des conditions de travail, d’absence de médecine du travail dans les établissement. Les réformes, leurs restructurations, les réorganisation, annoncées à grand renfort de communication dans les médias sont peut-être plus à l’origine des absences des agentEs de la fonction publique qu’un soit disant « absentéisme ».

L’expérience de ces dernières années, notamment du COVID-19 et des décisions politiques d’ouvrir coûte que coûte l’école a aussi mis en lumière les risques liés à la propagation des maladies en milieux scolaire. Que penser donc des risques que ferait prendre aux personnels comme aux élèves une augmentation des jours de carence, qui, fatalement, risque de pousser des personnels à venir travailler en étant malade ? À l’inverse d’un absentéisme infantilisant, le « présentéisme » de nombreux agentEs dans l’Éducation Nationale est particulièrement important, et serait encore renforcé par l’augmentation du délais de carence. En effet la DREES notait dès 2015 qu’une augmentation des jours de carence ne se traduit pas par « une réduction des absences qui seraient injustifiées », mais plutôt que « l’introduction du jour de carence peut encourager les personnes malades à travailler » ce qui remet en question l’argument du sois-disant excès d’absentéisme.

Le véritable problème – devant lequel ce discours pose un écran bien pratique – c’est le manque d’enseignantEs, et donc de remplaçantEs, de brigades, de TSR, de TZR qui en découle. Car si un ancien président (qui, lui non plus, ne devrait sans doute pas dire ça) semble bel et bien penser le contraire, le manque d’attractivité des métiers de l’enseignement – sans même parler de ceux des AESH et des AED – est à l’origine d’une pénurie de personnels désormais bien documentée, et, par ricochet, du non remplacement des personnels absentEs.

Et ces déclarations en chaîne interviennent à un moment où le budget 2025, un budget d’une violence austéritaire inouïe, prévoit la suppression de 4000 postes dans l’Éducation nationale. Cette austérité budgétaire imposée par un gouvernement mal élu emportera des conséquences particulièrement néfastes pour un service public d’éducation déjà à bout de souffle. Par ailleurs, l’annonce des 2000 créations de poste d’AESH n’est qu’un effet d’annonce car les conditions salariales des AESH sont si mauvaises que le ministère ne parvient pas à pourvoir les emplois. La suppression de ces postes, l’absence d’évolution pour les AESH et les AED et la mise sous le boisseau de la création d’un vrai statut et des augmentations de salaire, l’absence de revalorisations salariales, la disparition des mesures d’égalité professionnelle, le refus d’envisager de baisse du nombre d’élèves par classe, l’absence de moyens pour une véritable inclusion scolaire avec des moyens… la dégradation de nos conditions travail continue, et avec elle l’augmentation des risques pour les personnels, et les risques sur la santé.

Pour SUD éducation 13, ces nouvelles attaques sont inacceptables : seule une mobilisation massive et le plus unitaire possible des personnels, au niveau local comme national, sera en mesure d’empêcher ces nouvelles dégradations de nos salaires et de nos conditions de travail et de gagner des avancées pour améliorer la vie de touTEs. 

SUD éducation 13 appelle les personnels à se réunir en réunion syndicale et en assemblée générale afin de s’informer et de commencer dès aujourd’hui à construire la riposte contre ce budget austéritaire, de régression sociale et la poursuite du soi-disant "Choc des savoirs".