Antifascisme | C’est arrivé près de chez nous, ouais et juste sous notre nez

Le 2 février 2023, un rassemblement à l'appel de dizaines d'organisations syndicales, de partis, d'association était organisé contre l'installation d'un local Reconquête, le parti du multi-récidiviste Eric Zemmour. La répression violente de ce rassemblement pacifique a provoqué la stupeur et la colère. Trois camarades antifascistes ont été interpellés et passeront en procès. Témoignage. 


On l’a pas vu venir, et aujourd’hui, on se dit que quand on parle de système répressif énervé, on est peut-être dans l’euphémisme. Qu’est-ce qu’il s’est passé, entre le moment où on s’est réuniEs, toutes et tous, partageant un même constat simple : pas moyen de laisser un local d’extrême-droite s’implanter dans notre ville sans rien faire - et aujourd’hui on apprend que nos potes et nos proches sont retenus aux Baumettes en l’attente de leur jugement pour avoir participé à ce rassemblement auquel de nombreuses associations syndicales et autres ont appelé.

Ensemble, c’est très simple, on peut avoir des idées et des modes d’opérations différentes, mais tout le monde est d’accord pour marquer le coup : si Reconquête veut ouvrir un local sur le Prado, hé bin nous on sera devant le jour de l’inauguration, on braillera, on fera du bruit, on aura des slogans et on fera savoir notre désaccord avec leurs idées nauséabondes.

Antifascisme | Rassemblement contre l’inauguration d’un local de Reconquête à Marseille

C’est l’état d’esprit dans lequel on se retrouve, ce jeudi 2 février vers 17h45, au 357 avenue du Prado. On est 200, peut-être un peu plus, et on voit bien que la BAC et les CRS font tout ce qu’il faut pour faire monter la tension. Nous qui participons, on fait ce qu’il faut pour garder la pêche, et ça prend mille formes, notamment des chants, des blagues, des discussions avec les personnes du quartier, passant là par hasard, et nous interpellant sur la raison de notre présence.

On répond, les échanges sont toujours sympathiques : « Ah ouais, j’avais pas vu qu’ils ouvraient un local ici, mais maintenant que vous me l’avez montré, je comprends bien pourquoi vous êtes là », dit la première personne. « Ah, mais vous savez, le stade est juste à côté, et je ne suis pas sûre que ce local puisse tenir bien longtemps, car à Marseille, les gens n’aiment pas les racistes », dira une autre personne. Tous sont d’accord pour dire que l’installation hors sol de ce parti d’extrême droit dans leur quartier est une aberration.

A ce moment, la première charge de CRS nous a déjà fait un peu reculer, voilà que les super courageux de la bac se disent sans doute que l’occasion est trop belle de fracasser du militant à peu de frais, et alors qu’ils feignent de se retirer, pour venir au plus proche de nous sans attirer l’attention, tout d’un coup, ils semblent avoir repéré une cible qui leur plaisent, et foncent, comme des hyènes sur une proie, sur un jeune dans la vingtaine. Tout en lui assénant de sérieux coups, ils ne cessent de l’invectiver en lui reprochant de les avoir insulté et en le menaçant sans détour: « Tu vas voir quand on sera seuls »...

On a déjà vu quand ils n’étaient pas seuls avec lui, on imagine ce qu’il s’est passé après. Bref, au cours des charges suivantes, deux autres camarades sont arrêtéEs, au hasard, et nous on est disperséEs et baladéEs. On compte nos côtes cassées, on se ressaisit, et on attend les nouvelles des copainEs qui sont partis en garde à vue. Au début, rien d’inquiétant, mais au fur et à mesure, on apprend des trucs qui nous font tiquer: les gardes à vues sont prolongées pour les 3, et après 24 heures, les bleus les retiennent encore 24 heures. Déjà, on est pas mal à se dire que deux fois 24 heures pour s’être réuniEs, ça fait cher payé, mais on est pas au bout de nos peines.

On apprend avec stupeur qu’après les 48 heures, les copainEs sont présentéEs au juge des libertés et de la détention (JDL) qui doit statuer sur leur remise en liberté en attente du procès, ou leur maintien en détention. Et malgré des dossiers qui laissent présager de la remise en liberté, c’est finalement la détention qui est prononcée par le JDL... IEls sont alors amenés aux Baumettes où iEls doivent attendre la tenue de leur procès, fixé dans 3 semaines. On espère qu’iEls pourront voir le JDL avant et qu’iEls seront remis en liberté rapidement, mais à l’heure où l'on fini d'écrire cet article, les trois sont encore au mitard, à cause d’une décision politique. C’est indignant, injuste, et injustifiable, et nous continuerons à nous battre pour les faire libérer.


Rassemblement de soutien le mardi 27 février à 14 devant le tribunal judiciaire de Marseille